SVETLANA AND ROBBIE
« et peut être m'oublieras-tu. »

Cinq heures plus tôt, j’avais composé le numéro d’une ancienne copine, priant pour qu’elle ne l’eût pas changé depuis tout ce temps. Vraisemblablement, elle avait été ma meilleure amie de l’époque mais j’ignore si de son côté je suis toujours celui qu’elle considère comme tel. Je suis conscient d’une chose : elle m’en veut d’être parti sans rien dire. Je ne lui ai plus adressé la parole, plus aucun signe de vie donné pendant cinq longues années. Il y a de quoi me faire la tête et ne plus vouloir entendre parler de moi. Votre correspondant n’est pas disponible pour le moment, veuillez laisser un message après le bip sonore. Hip hip hip! Saluuut? Eh bien je ne suis pas là, connard, j'ai probablement oublié mon téléphone, mon mot de passe, où j'ai tout simplement pas envie de te parler. Essaie toujours de laisser un message; on sait jamais. Je reste interloqué par sa messagerie. A t-elle autant changé ? Je reste muet en écoutant ses dires préenregistré et je patiente la gorge nouée. #Biiiip

« Svetlana…c’est Bruno. Je ne sais pas si tu te souviens de moi mais… enfin je peux comprendre que tu ne veuilles plus me parler. – silence – Voilà, j’ai pas d’excuses d’accord, je suis parti sans rien dire mais je…je voudrais te demander quelque chose…– silence – si je pouvais te voir en arrivant ce serait bien. Tu me manques beaucoup et… j’ai sérieusement besoin de te voir. Puis, il me semble que j’ai des explications à te donner concernant mon départ précipité. Enfin voilà, peut être que t’auras pas prit le temps d’écouter ce message mais… enfin j’espère de tout cœur te voir à mon retour. Je t’embrasse Svetty. »

Je redoute l’instant où je poserai mes yeux sur elle, les secondes qui me faudra pour avancer en sa direction et me préparer psychologiquement. Et je sais éperdument que je ne serai jamais vraiment prêt pour affronter sa colère ni même son regard qui me transpercera. J’embarque dans l’appareil, destination mon ancien chez moi. [ … ]

Et je pense pendant tout le vol : j’aurai peut être dût revenir en ville sans informer qui que ce soit. J’aurais dût me rendre à la maison de ma mère, vider l’intérieur ; faire incinérer ma mère en petit comité et repartir après avoir éparpiller ses cendres là où elle ne cessait de me dire. C’est-à-dire dans le grand champ familial, au milieu des cultures. De toute façon, en voulant rester discret ont attire toujours les autres à nous croiser quelque part et parfois même aux endroits que l’on s’attend le moins. Puis à force de redouter et penser qu’on risque de faire de mauvaises rencontres ont arrive toujours à se trouver nez à nez avec ceux qu’on ne veut pas. Je tâche de trouver le sommeil, mais je n’y arrive pas. Elle me hante. Elle me perturbe bien trop pour pouvoir fermer les yeux et dormir. Si seulement c’était cela. Et si mon passé prenait le dessus et écourtait mon existence que je tâche si bien que mal à préserver ? J’espère en finir pour moins d’un mois. Je ne tiendrai pas plus longtemps là-bas et penser que je pourrais mourir sans même avoir vendue la maison de ma mère me semblait inimaginable. Organisé un enterrement pour au final périr aussi dans les jours suivants.


L’avion atterrit, je détachais ma ceinture une fois que l’hôtesse nous l’avait indiqué, certain que l’appareil ne bougeait plus et qu’il n’y avait plus aucuns risques. J’enfilais ma veste, regarde à travers le hublot. Il pleut. Je soupire ; il ne manquait plus que ça. J’attrape mon sac dans le pose bagages au dessus de ma tête et patiente que mon voisin de siège daigne marcher dans le couloir pour dégager le passage.

Je n’ai pas de parapluie et il pleut beaucoup. Je commence à courir vers les portes donnant accès à l’entrée. Je pense juste à me réfugier d’abord. Pas le temps de stresser. Je regarde autour de moi, ayant franchi les portes. Je ne tiens pas compte de la voix fidèlement identique qui résonne toujours dans les aéroports. Je guette. Je m’avance vers le tapis, et arrange le col de ma veste. J’ai froid. Je tente de repérer mes deux sacs de voyage. Je suis tendu, trop à mon goût et le stress qui était quelque peu descendu en vol avait déjà reprit possession de mon être. Je commençais à trembler, je ne me sentais décidément pas dans mon assiette.

Bagages en main, je fit volte-face pour me figer la seconde suivante. Elle était là – les bras croisés, le visage grave. M’avait-elle repéré ? Dans tous les cas, en restant planté ainsi au milieu de l’aéroport, tandis que la foule autour de moi ne cessait point de s’agitée, il était certain que je ne pourrais jouer à cache-cache bien longtemps. Je me pince la lèvre et inspire profondément, le cœur battant à tout rompre. Elle avait entendu mon appel, avait accepté de venir me chercher – ce qui à mes yeux relevait peut être d’une chance. Si elle m’en voulait totalement d’être parti sans rien dire, elle ne serait pas venu…

Cependant, je restais perplexe et je me crispais aussi bien qu’elle en la voyant tout près…J’approchais, serrant les hanses de mes deux sacs de voyage. Malgré ma peur, une joie certaine de la revoir emplissait mon cœur. Elle était belle.

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Voilà ma chou !